mardi 10 juin 2014

"Train-train" quotidien "à l'envers"

Depuis ma première expérience improvisée dans une cabine de conducteur de RER, je comptais bien récidiver... Mais j'avais envie de trouver un conducteur plus "loquace". De fil en aiguille,  en flânant sur le net, je suis "tombée" sur le compte Twitter, puis sur le blog et enfin sur le livre de Cédric. Ne me demandez pas vraiment pourquoi cela me tenait à cœur d'aller à cette rencontre et de découvrir l'envers du décor! Cela fait parfois beaucoup rire mes copines et copains... J'imagine que cela vient de ma curiosité naturelle et de la maquette de petits trains de quand j'étais petite...

Comme parfois je m'y prends au dernier moment, j'ai eu du mal à le rencontrer en vrai, IRL* comme on dit, et pendant son service comme il me l'avait proposé quelque temps plus tôt. Le rendez-vous n'a pas été facile à trouver : entre mes impératifs et ses imprévus (car il est conducteur de réserve), j'ai cru que cela ne se ferait pas...

C'était un lundi soir, rendez-vous fixé à 18h à La Défense, dans un RER A direction Torcy.
J'arrive un peu en avance. 18h05, un RER correspondant à la description qui m'a été faite, arrive . Sauf que le conducteur est chauve (ou presque). Je jette un rapide coup d’œil à la dernière de couverture du livre de Cédric : je confirme, ce n'est pas lui :-). J'ai peur de le rater. J'ai envie de sautiller partout pour dissiper mon impatience. C'est long d'attendre! Les horaires sur les écrans d'affichage des différents trains défilent... Je vois un autre RER s'avancer avec la même description. C'est sûr, cela doit bien être lui cette fois-ci : il a des cheveux ! :-) ... et un sourire accueillant. 
Ce qui transparaît de son livre est fidèle à ce que je pouvais m'imaginer de lui : l'envie de partager, d'échanger... pour une rencontre peut-être éphémère, mais sympathique. Il m'explique un peu les boutons, les sons que l'on perçoit dans la cabine, les manettes... Je m'en doutais, mais je confirme : il y a beaucoup d'informations à connaître... et bien sûr, il faut rester vigilant sur les montées et descentes des voyageurs... et décider de fermer les portes à La Défense, quand bien même certains voudraient encore monter...

Voilà, dans quel type de cabine j'ai été conviée
source image : http://malignea.transilien.com/

Comme j'ai un peu de temps, je vais avec lui jusqu'à Torcy, le terminus de la mission du RER. Châtelet, ma correspondance quotidienne est décidément bien trop près ce jour-là. Je prendrai le temps qu'il faut pour rentrer chez moi...
La perspective est encore différente de ce que celle que j'ai eu la chance de voir la dernière fois : elle s'effectue pour une bonne partie dans le tunnel. Nous sommes en pleine heure de pointe et il y a du monde... ça bouchonne pas mal entre les rames... J'oserai dire : on rame! Comme expliqué dans son livre, le système SACEM (Système d'Aide à la Conduite, à l'Exploitation et à la Maintenance) aide à la conduite pour s'assurer que les rames soit suffisamment distantes les unes aux autres. Mais ce système manque parfois de souplesse : dès qu'il détecte que la rame de devant est trop proche, le système demande au conducteur de ralentir en imposant une vitesse moindre, et dès que la rame de devant s'éloigne, le système demande de reprendre une vitesse "normale", alors qu'il serait peut être plus judicieux de repartir plus tranquillement... Mais j'imagine que de nouveaux systèmes arriveront bien à supplanter celui-là!
Cédric peut débrayer ce système, mais sous certaines conditions et avec prudence : et là on se retrouve juste derrière le RER de devant qui est à quai à la station!

Les tunnels changent au fur et à mesure de notre virée. Parfois on croise les rames de l'autre sens, et plus loin, on se retrouve dans un mono-tunnel avec une jolie arcade voûtée, au même galbe que ce que l'on voit dans la ligne 14, mais juste éclairée par les néons sur les côtés. Cédric aime bien cela car cela donne une impression d'être dans une rampe de lancement, genre "space mountain".
Et plus loin, au delà de Vincennes, on découvre la lumière du jour... Ce bref instant où on aperçoit cette lumière au bout du tunnel est fort sympathique...

Au cours de notre voyage, nous entendons des annonces radios : il y a un problème sur la voie dans l'autre sens... J'avoue que j'ai du mal à comprendre ce qui se trame. Je me dis juste que pour rentrer chez moi, je risque de galérer, mais bon, tant pis, je "prends le risque" de galérer : ce n'est pas tous les jours que j'ai du temps et que je peux voir l'envers d'un décor... Cédric m'explique que les régulateurs essaient de contacter chacun des conducteurs pour identifier un problème. Finalement, on apprend qu'un RER est coincé à Charles de Gaulle Etoile. Il s'agit d'un "blocage partiel". Cela signifie qu'un frein ne veut pas se desserrer et qu'il y a un problème mécanique sur ce dernier. Dans ces cas-là, le conducteur doit descendre de cabine et identifier où le blocage a lieu pour réaliser la procédure de "déblocage partiel", c'est-à-dire neutraliser ce frein et permettre au RER de repartir... pour arriver à la station suivante et demander aux voyageurs de descendre de la rame... Il arrive parfois qu'il y ait un blocage total. "Total ! ", me dis-je... "ça doit être la cata' ". Mais en fait, non : dans ce cas, en général, c'est plus facile à résoudre, car c'est souvent dû à un problème électrique qui peut être contourné temporairement depuis la cabine où se trouve des "interrupteurs" (ça a un autre terme plus juste, mais je ne le retrouve pas).
Pour revenir au blocage partiel, j'imagine la solitude du conducteur à la recherche du frein bloqué!
Cédric me dit qu'en effet, pour le conducteur, cette situation n'est pas évidente et que c'est parfois mieux lorsque cela arrive avant d'arriver à quai, pour ne pas être trop "oppressé" par les voyageurs. Mais le meilleur "remède", c'est d'informer les voyageurs... et tout se passe pour le mieux. D'autre part, pour localiser la panne c'est aussi plus pratique quand le train n'est pas encore à quai...
Au fait, Cédric, si tu lis ce post (parce que j'y pense après coup) : N'y a-t-il rien en cabine pour vous indiquer où le blocage partiel est situé?

Ce qui m'a fait aussi plaisir en discutant, c'est de constater que nous avions le même point de vue sur la problématique des transports en Île-de-France, en particulier sur le RER A. Cela ne vient pas que du manque de budget mais aussi du fait de la disparité des localisations des bassins d'emploi et de logement. La Défense continue de voir construire des bureaux, tandis qu'à l'Est de la ligne, on construit des logements à tour de bras. J'étais d'ailleurs assez surprise de voir autant de constructions en cours du côté de Noisy, Noisiel, Torcy...

Ah tiens! Torcy! Terminus du RER et de mon voyage en bonne compagnie!
Pour obtenir mon autographe (bah, oui, quand même!), j'ai attendu patiemment sur le quai, que Cédric effectue la manœuvre demandée pour garer sa rame.
Puis, comme le RER dans l'autre sens se faisait attendre, nous avons partagé un autre petit moment... en tant que voyageurs, cette fois-ci. Il m'a d'ailleurs avoué qu'il avait un article à écrire sur son blog... J'attends! :-)

En tout cas, c'est passé vite! Je n'ai pas pris de photos, car j'avais envie de garder ses images dans ma tête et sans filtre.
Mais je vous confirme :
rien ne vaut les vraies rencontres!

(*) In Real Life

[Edit du 10/06/2014 à 23h] : Cédric a répondu à mon interrogation via Twitter : sur les nouvelles rames du RER A, le conducteur peut bien visualiser les pannes depuis sa cabine, mais pas sur les 3 autres types de rames. Pour ces dernières, il faut vérifier 2 voyants sur chaque voiture, sachant qu'il y en a 10 en tout à vérifier... Donc,avec un rapide calcul... on se rend compte que ça prend du temps! (et que vive les nouvelles rames!)

6 commentaires:

  1. Génial ce billet! Tu nous fait voyager c'est cool!

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    1. Cool d'avoir réussi à faire partager ce bon moment!

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  2. bo billet.
    tu est une AS pour faire le lien entre le virtuel et le réel . ;.)

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    1. C'est un peu grâce à toi et @DavidBurlot et d'autres qui petit à petit m'ont convaincue d'ouvrir un compte twitter...
      Un peu chronophage mais tellement riche en découvertes... et au final en vraies rencontres :-)

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  3. Réponses
    1. oui, trop cool. ça donne envie de recommencer encore! :-)

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