Cette année, j'ai appris avec une certaine tristesse la fermeture de la poterie de Marnaz (en mars 2010). Avec mes parents, nous y allions régulièrement. Peut être pas tous les étés, mais de temps en temps, admirant des bleus intenses et des verts profonds ornés de décors traditionnels savoyards.
Marnaz est un village savoyard (4 450 habitants, tout de même ) niché dans les Alpes, dans un coin de Haute-Savoie qui me tient particulièrement à coeur. La poterie de Marnaz est un atelier très ancien puisque son ouverture remonte au 18ème siècle. C'est une affaire familiale puisque toutes les étapes de fabrication se sont transmises de génération en génération. Cécile Coronel-Guyot âgée actuellement de 94 ans, a commencé elle-même dès 14 ans et vient juste de prendre sa retraite. Elle s'occupait entre autres de la réalisation des motifs au barolet. Bernard Coronel fils de Cécile Coronel Guyot tourna les dernières pièces de la poterie.
Quand je dis TOUTES les étapes sont réalisées par la famille, ce n'est pas que des mots. En effet, l'argile elle-même est extraite près de Marnaz. Cette argile donne la couleur rouge brique au "cul des pièces". Elle est tournée : bols, pichets, plats à tarte, coquetier ... Il n'y a pas de tournassage. Une fois la première cuisson faite, de l'engobe est apposé: une couche uniforme est tout d'abord appliquée, puis les motifs sont réalisés au barolet, sorte de poire remplie d'engobe, avec pour chaque barolet, une couleur différente. Enfin, un émail transparent recouvre le tout pour donner la brillance aux pièces.
Je crois que ce qui caractérisait tant cette poterie étaient la couleur de ces pièces et ces motifs simples et traditionnels dégageant un grâce toute naturelle et si plaisante à voir. D'ailleurs, sa renommée fut connue : elle donna 10 bols pour l'exposition dont je vous ai parlé récemment, 1001 bols.